Les villes au vif ...
Le tourisme peut avoir un double impact sur la durabilité des villes et des communautés. D’une part, la promotion du tourisme peut amener les administrations à investir dans les structures et les infrastructures, tandis que d’autre part, l’augmentation de la population fluctuante peut exacerber les problèmes auxquels les villes de plus en plus peuplées doivent faire face. Hébergements et services de base, mobilité, planification participative, patrimoine naturel et culturel, résilience aux changements climatiques, impacts environnementaux et accès à l’espace public sont des enjeux de société auxquels l’activité touristique ne peut rester indifférente. En tout état de cause, le tourisme de masse doit être évité afin de prévenir les effets néfastes tels que la gentrification, les déplacements dus à la concentration des destinations touristiques, les augmentations du prix des loyers et des services, etc.
Le tourisme doit contribuer à rendre les établissements humains inclusifs, créatifs, sûrs, résilients et durables. Une destination qui n’est pas bonne pour ses citoyens n’est pas bonne pour les touristes. Pour exemple, à Barcelone, l’explosion de logements réservés aux touristes oblige les Barcelonais à quitter les espaces publics du centre-ville vers la banlieue. La vie sociale disparaît de la vieille ville et le secteur financier profite du tourisme pour mener des opérations économiques majeures. Pour exemple toujours, en 2019, la ville de Paris a accueilli 38 millions de visiteurs c’est-à-dire, 19 fois le nombre de ses habitants. Dans cette ville – comme dans d’autres grandes villes de France et du monde entier – le succès des plateformes telles qu’Airbnb qui permettent de louer son appartement entre particuliers est devenu un vrai souci pour les hôteliers et les habitants, tenant compte des prix des loyers qui s’envolent.
Face au phénomène de la touristification des villes cooptées par des touristes étrangers dont l’intérêt principal des gouvernements est de faire rentrer des devises, les citadins prônent la redécouverte de leurs propres villes grâce aux micro-aventures et à la proximité. Autrement dit, devenir un touriste chez soi.
Vive les villages !
En 2020, année marquée par les restrictions de déplacements et des confinements, les petits villages sont revenus au cœur des désirs d’une vie plus libre, simple et calme. Loin d’être un effet de mode ou une échappatoire, les liens entre la France et ses villages – si riches et diversifiés en histoire et culture – ont toujours été très forts. A cet égard, on reprend quelques idées du sociologue Jean Viard. D’un côté, à la différence de l’Allemagne fondée sur l’industrie, la France se fonde sur la paysannerie comptant sur un exode rural très tardif.
Les 36 000 communes sont le cœur identitaire de la modernité, chaque région conservant encore aujourd’hui sa touche typique. D’un autre côté, on s’interroge sur le local, le bio, de bons produits, des choses simples. À présent, les urbains cherchent dans les villages un certain art de vivre qui n’existe pas dans les métropoles, où on privilégie l’art de produire. En plus, grâce au télétravail, les habitants de la capitale et des grandes métropoles ont compris qu’ils pouvaient trouver un nouvel équilibre entre ville et campagne. D’autres, choisissent d’y acheter une deuxième maison. Dans ce dernier cas, la question qui s’impose est de savoir à quel point les villages vont perdre leur authenticité en gagnant en popularité. Car le problème du tourisme est qu’il protège tout en dénaturant.
Promouvoir un village authentique est un risque. Attirer des voyageurs à visiter un village peut nuire à son charme par le risque d’une surfréquentation, la détérioration des sites historiques et l’accroissement des nuisances sonores : le village perd son côté « carte postale ».
Et vous, vous êtes plutôt ville ou plutôt village ? Un peu mitigé ? Néo-rural ? Rural citizen ? Jardinier urbain ? Racontez-nous !